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Haute-Loire Antenne 4G : 200 personnes en soutien aux éleveurs de Mazeyrat-d’Allier

À l’appel de plusieurs associations, un rassemblement s’est tenu, dimanche, à Mazeyrat-d’Allier pour épauler les agriculteurs, dont le troupeau de vaches est décimé depuis l’installation d’une antenne-relais à proximité de leur exploitation.
Par Michel TAFFIN 09 oct. 2022 à 20:06 | mis à jour hier à 06:43 – Temps de lecture : 4 min

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« Il est possible de continuer l’expertise, il faut juste le vouloir », déclare Anne Gilbert, coordinatrice de l’association Robin des Toits, avant le démarrage du cortège en direction du GAEC du Coupet.  Photo Progrès /Michel TAFFIN

 

Nous sommes dimanche matin. Anne Gilbert, coordinatrice de l’association Robin des Toits, l’une des structures qui a lancé l’appel de soutien au GAEC du Coupet, donne des instructions avant le départ depuis la mairie de Mazeyrat-d’Allier. « Nous allons nous rendre au niveau de l’antenne 4G et de la ferme. Merci de couper vos téléphones portables car il y a parmi nous des personnes électrosensibles. »

Un « problème de santé publique »

Le ton est donné car le propos du rassemblement, outre celui du soutien à l’élevage bovin , semble aussi être celui d’une inquiétude globale de citoyens face aux émissions d’ondes électromagnétiques que diffusent les antennes-relais de téléphonie, les lignes électriques à haute et très haute tension, ou les éoliennes. D’ailleurs, parmi les 200 personnes présentent dans le cortège qui montent la route de campagne vers l’exploitation de Frédéric Salgues, se trouvent plusieurs membres d’associations de Haute-Loire et départements limitrophes.

Toutes sont « remontées » contre ce qui est qualifié de « problème de santé publique ». Qu’il s’agisse de FNE 43 (France nature environnement), d’Ondes Citoyennes, de plusieurs groupes de Stop Linky-5G (dont celui de Marches du Velay-Rochebaron), ou du collectif Anti-Antenne 5G Versilhac.

En revanche, seuls trois élus, les maires de Sainte-Eugénie-de-Villeneuve, de Mazeyrat-d’Allier et de Saint-Georges-d’Aurac, participent à la manifestation. « Cette antenne a été posée dans le cadre du New Deal pour couvrir les zones blanches. Nos administrés étaient en demande de connexion. Dans un premier temps, on a été content de l’installation. On a découvert le problème avec le GAEC du Coupet. Là, on se sent concernés. Un maire est responsable de la santé de ses administrés. Tout comme l’État est responsable de la santé des citoyens. D’où notre interrogation lorsque le Conseil d’État a retoqué la décision du tribunal administratif de Clermont-Ferrand  », ont-ils déclaré.

Ils veulent que la décision du tribunal administratif soit appliquée

Les édiles, à l’instar de l’ensemble des associations et des particuliers présents dimanche, demandent le respect de la décision du tribunal administratif de Clermont-Ferrand du 23 mai qui obligeait l’arrêt temporaire de l’antenne afin de vérifier le lien entre l’émission d’ondes et la santé des animaux sur l’exploitation. Une décision annulée par le Conseil d’État, le 18 août. « Une demande sera signée par le maximum de gens et transmise par écrit au préfet de la Haute-Loire, lequel a le pouvoir de faire respecter la décision du tribunal administratif  », précise Anne Gilbert.

« On aurait aimé que les parlementaires soient présents aujourd’hui », confie Frédéric Salgues, éleveur au GAEC du Coupet.  Photo Progrès /Michel TAFFIN

Mazeyrat-d’Allier – Frédéric Salgues a rencontré son ministre

« À titre privé, on a investi 310 000 euros dans l’exploitation, pointe Frédéric Salgues, un des associés du GAEC du Coupet, à Mazeyrat-d’Allier. C’est clair qu’on s’assoit sur notre capital ! Concernant les vaches, on s’est séparé déjà de 80 bêtes sur 200. » L’éleveur, qui reconnaît avoir été toujours épaulé depuis le début de l’affaire, « même si ça ne remplace pas les pertes de 15 000 à 20 000 euros par mois », regrette malgré tout l’absence des parlementaires. « Je n’ai eu qu’un message de soutien de notre député (Jean-Pierre Vigier, NDLR), transmis par son attaché parlementaire. »

En revanche, le 13 septembre, Frédéric Salgues et quatre autres éleveurs de France, dont les exploitations ont également souffert de la diffusion d’ondes électromagnétiques, ont saisi l’opportunité du SPACE, le Salon de l’agriculture de Rennes, pour rencontrer Marc Fesneau, ministre de l’Agriculture.

Un espoir et des garanties après l’entrevue avec Marc Fesneau

Soit vingt minutes d’échange, en privé, en fin de journée, qui auraient redonné espoir aux éleveurs. « Si les professionnels de l’élevage étaient venus faire une demande d’indemnisation, ils sont ressortis de l’entretien, soulagés que le ministre ait pris conscience du problème. Ainsi que rassurés par des propositions concrètes faites par le haut responsable », avait confié à nos confrères d’ Actu Rennes Stéphane Le Béchec, éleveur breton dont l’exploitation aurait été très impactée par les ondes électromagnétiques. Le ministre a promis « la création d’un point zéro », c’est-à-dire la mise en place de moyens administratifs et techniques permettant de faire constater de manière officielle les dommages causés par les ondes électromagnétiques issues des installations. « Chaque constat avéré sera suivi d’une indemnisation avec une remise en cause des installations créées », a garanti Marc Fesneau.